La presse n’en fait guère écho mais le peu qui transpire des articles consacrés au Congo donne à penser que la situation se dégrade sérieusement au Katanga. En effet, si je me fie à ce qu’il m’a été donné de lire il y a quelques jours à peine, il apparaît que l’instabilité se déporterait du Nord-Kivu sur la province minière du Katanga.
Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, le nombre de réfugiés qui arrivent dans cette province augmenterait de manière alarmante. Ainsi, l’ONU estime que le nombre de déplacés à l’intérieur de la province minière serait passé de 50.000 à 500.000 entre décembre 2011 et avril 2014. Pas une semaine ne se passerait, toujours selon ces mêmes sources, sans une attaque de groupes Maï-Maï.
Quand on apprend que, contrairement à d’autres provinces de l’est du Congo, il n’y a pas de camps pour ces personnes déplacées au Katanga, on peut imaginer dans quel état critique doivent se trouver ces populations déracinées. Les chiffres relatifs à la situation sanitaire sont plus que terrifiants. La province est en proie à une épidémie de choléra, avec 15.000 cas l’an dernier et 3.500 depuis le début de cette année, et cela malgré une campagne d’immunisation menée en mars sur 7 millions d’enfants. Pour ce qui concerne la malaria, les chiffres sont aussi douloureux. Depuis le début de l’année, pas moins de 463.000 cas ont été constatés.
Les perspectives ne sont pas des plus heureuses pour les experts de l’ONU. En effet, ils redoutent que le nombre de déplacés internes dans le Katanga atteindra le million de personnes d’ici la fin de l’année. Le seul espoir qu’ils ont est que, comme cela s’est fait pour le Nord-Kivu, s’instaure une forte mobilisation nationale et internationale.
Pour l’heure, les yeux des « Grands de ce monde » sont tournés davantage vers l’Ukraine ou vers la Corée du Nord où, il est vrai, la tension est vive sur le terrain et où les risques de conflits sont loin d’être négligeables. Cela étant, ce qui s’est passé au Rwanda devrait ne devrait-il pas rappeler à toutes les chancelleries du monde que les « conflits sourds » du Congo peuvent déboucher sur des massacres aux allures de véritable génocide.
Ce qui se passe actuellement au Katanga est la chronique d’un malheur grandissant. Qu’attend-t-on pour tenter d’y mettre fin et pour apporter à ces populations qui sont dans le plus grand dénuement une protection et une assistance humanitaire conformes à notre statut de pays développés….