.. Et non pour prendre Parti.
Il n’y a pas de hasard dans la vie, que des rendez-vous.
Étant la première francophone élue sur une liste néerlandophone à Bruxelles, je ne m’étonne plus qu’on me surnomme « le phénomène ». Mais avant d’arborer cette image d’ouverture, je me considère avant tout comme une Bruxelloise se démenant au quotidien pour que sa Région ne souffre plus de clivages linguistiques aussi anciens que son histoire. Je suis convaincue que cette notion de « mutualité », même si elle n’occupe plus la première place des programmes politiques des partis progressistes, n’en constitue pas moins un de ses principaux fondements.
Par essence, je ne peux qu’évoquer un symbole fort comme celui de Nelson Mandela. Au nom de la démocratie, il a provoqué en duel toute forme de ségrégation pour défendre les minorités et prôner l’égalité des droits entre deux communautés, sans jamais privilégier ni l’une, ni l’autre.
Ce dernier point m’interpelle. Il s’avère que cette leçon de vie emplie du respect d’autrui semble déjà avoir perdu de son aura en cette période dite électorale à Bruxelles. Je remarque en effet que des actes typiques de manipulation sont commis par les médias envers bon nombre de partis néerlandophones ainsi qu’à l’encontre des plus petites listes francophones. Comme ils le sont également de manière inversée si l’on observe la situation du côté néerlandophone de Bruxelles.
Si la bonne circulation de l’information demeure tant primordiale en cette période de communication électorale, c’est parce qu’elle ne revêt pas le simple rôle d’informateur : elle alimente et/ou conforte également l’électorat dans ses réflexions. Par ailleurs, elle est censée mettre en lumière le programme de l’ensemble des familles politiques, y compris celles qui n’ont pas l’opportunité de s’exprimer dans les médias le reste de l’année.
Les citoyens devraient pouvoir voter sur la base d’une perception et d’une connaissance la plus étendue possible du paysage politique; les grands enjeux du prochain Parlement bruxellois en dépendent
A mon sens, nos médias n’obéissent pas à leur devoir primordial d’information. Au lieu de conscientiser les citoyens et d’apaiser les conflits, ils tendent à entretenir et à nourrir cette fracture. C’est la raison pour laquelle je me décide aujourd’hui à vous faire part de ce sentiment profond qui est le mien. Je suis interloquée par ce que je lis, ou plutôt ne lis pas.
POINT DE VISIBILITE TU AURAS
Le Gouverneur a donné instruction aux services communaux de procéder, partout dans la Région, à l’affichage de tous les partis de manière égale pour chacun d’eux. Or, vous l’aurez peut-être remarqué dans votre commune, certaines majorités en place ont décidé de procéder autrement. Ainsi, les grands partis francophones bénéficient d’une place de choix en terme d’affichage. Situés aux abords d’endroits stratégiques, ils peuvent imprimer à leur guise un impact certain dans l’esprit des électeurs. À l’inverse, les espaces électoraux des partis néerlandophones et des rassemblements « émergents » sont restreints tant en terme de lieux d’exposition qu’en nombre. Cette différence de traitement, non justifiée, révèle un non-respect de la soi-disant équité réservée à tous les partis politiques.
TON POINT DE VUE TU N’EXPOSERAS PAS
Au-delà de l’image, prime le contenu. Là encore l’information vacille. Que vous parcourez la presse rédigée dans la langue de Molière ou celle de Vondel, un coup d’oeil suffit pour retrouver l’ensemble des propositions primées par les grandes unions. Nul besoin de doubler d’attention : les réponses apportées par les autres partis s’y retrouvent rarement inscrites. À croire que l’économie, la fiscalité, l’emploi, le logement, la mobilité, la santé ou encore la jeunesse ne concernent pas l’ensemble des acteurs oeuvrant au sein de l’arène politique. Faut-il nécessairement être de grande taille, ou de la communauté dominante, pour afficher de larges ambitions ?
AUX SUFFRAGE DES “AUTRES” TU NE PARTICIPERAS
Plus interpellant encore en terme de dérive démocratique, je vous présente les opérations présentées sous forme de « Test électoral ». Après avoir répondu à une série de questions/réponses rédigées en français et en néerlandais, la personne se trouve orientée vers le parti qui lui correspond le mieux. Si, comme il se doit, la correspondance est faite en prenant en compte tous les partis en lice, quel que soit leur régime linguistique, il en est d’autres qui n’établissent de lien qu’avec les partis de l’expression linguistique utilisée par la personne se livrant au test. Et sous le couvert d’un apparat scientifique, tout cela s’affiche comme objectif. Vous avez dit distraction ? Je réponds préjudice.
Permettez-moi d’arrêter là ces quelques exemples dignes d’ostracisme faussant complètement le jeu démocratique. Vous l’aurez compris, j‘accuse les médias d’effectuer toutes sortes d’amputations à vif. En agissant ainsi, ils phagocytent la liberté de pensée et le libre choix de tous les Bruxellois.
Donnant de la sorte entièrement raison à Amin Maalouf qui s’exprimait ainsi : « Nous le savons à présent, les moyens d’information répandent l’inconscience aussi sûrement que la lumière répand l’ombre ; plus le projecteur est puissant, plus l’ombre est épaisse. ». Nos idéaux méritent de resplendir au grand jour.
LA COMMUNICATION : PLUS QU’UNE CAUSE, UN DROIT FONDAMENTAL !
L’une de mes valeurs-clés résume à elle seule l’indignation et le combat dont je viens de vous faire part. Je revendique un droit égal à l’information car c’est uniquement sur base de ce parfait échange que la démocratie pourra se réaliser. La paix s’acquiert grâce à la parité. Le conflit s’accentue par les déséquilibres.
Il importe ainsi que chacun puisse être mis au courant de la ligne de conduite défendue par l’ensemble des familles politiques concourant à la gouvernance de la Région de demain. Les citoyens doivent pouvoir élire sur la base de réflexions solides et non se trouver endoctrinés par des circonstances fortuites. Un fait est que les constructions institutionnelles actuelles ont transformé le paysage de notre Région en un terrain politique exigu plus proche d’un puzzle éclaté que d’une étouffante mosaïque. Il est plus que temps d’abattre ces cloisons séparées par mille couloirs inutiles et de rassembler les outils destinés au service du public. Oui, il s’agit de redessiner au plus vite les trajectoires de ce grand projet. Et de notre ville.
Comme je l’évoquais, il n’y a pas de hasard, que des rendez-vous. Le nôtre est inscrit à la date du 25 mai.